Le tatouage existe depuis plus de 5000 ans et la maquillage permanent moderne depuis le début du 20ème siècle. Cependant le mystère de sa permanence n’a été élucidé que très récemment.

On a longtemps cru qu’au cours d’une procédure de tatouage corporel ou cosmétique (maquillage permanent), le pigment était absorbé par les cellules fibroblastes ou, selon une autre hypothèse, dans la matrice du derme, soit le tissu conjonctif. Cependant, ces hypothèses sont remises en question par une étude menée par le Centre d’Immunologie de Marseillle-Lumini, publiée en mars 2018 dans le Journal of Experimental Medicine.

En effet, les chercheurs Sandrine Henri et Bernard Malissan ont démontré que ce sont les cellules macrophages du derme qui emmagasinent le pigment. Lors de la procédure de tatouage, la peau est percée, provoquant une inflammation et une stimulation locale du système immunitaire. Des cellules macrophages sont alors envoyées vers le pigment fraichement implanté, engendrant une phagocytose. Plus simplement, les cellules macrophages gobent le pigment comme elles le feraient avec n’importe quel corps étranger. Mais, alors que les corps étrangers sont en général assimilés, digérés et évacués vers les vaisseaux lymphatiques, les particules du pigment ne semblent pas pouvoir être disposés de la sorte et demeure dans le corps des macrophages, assurant ainsi la permanence du tatouage.

Mais comment se fait-il qu’un tatouage soit quasi immortel, sachant que toutes les cellules ont une durée de vie limité et, dans le cas des macrophages dermiques, un cycle de renouvellement de trois ans? Le clou de l’étude publié dans le Journal of Experimental Medicine dévoile que, lorsqu’une cellule macrophage meurt, le pigment est relâché dans le tissu interstitiel, pour être à nouveau englouti par un macrophage avoisinant, perpétuant ainsi la coloration du tatouage. La dégradation progressive des particules de pigment lors de ces renouvellements cellulaires du système immunitaire explique la perte progressive, au cours d’une vie, de l’éclat et de la précision des tatouages corporels.

Mais qu’en est-il du maquillage permanent qui disparait beaucoup plus rapidement et pourquoi certains perdurent plus longtemps que d’autres? La réponse se trouve dans la composition même des pigments. Ceux destinés au maquillage permanent seront plus faciles à digérer et éliminer. Causant la disparition complète du tatouage cosmétique au bout de 5 à 8 ans. Ceci explique aussi la raison que certain maquillage permanent exécuté il y a plus de 20 ans sont encore visibles. En effet, c’est depuis une dizaine d’année seulement que les pigments spécialement conçus pour cette branche de l’industrie du tatouage sont apparus sur le marché. Des couleurs mieux adaptées mais aussi des particules de pigment micronisées plus finement pour un travail qui s’attenu progressivement, éliminant le problème des couleurs qui virent et permettant des ajustements répondant aux besoins d’une morphologie modelée par le passage du temps.

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